NICK CAVE & THE BAD SEEDS – Skeleton Tree – 2016

samedi, octobre 1st, 2016 par Toorsch

skeleton-tree

Comment aborder un tel album lorsqu’on connait sa genèse dramatique? Comment ne pas entendre des références, volontaires ou non? Sans jouer les charognards de la rime, il est évident que la mort plane sur Skeleton Tree, plus que sur n’importe quel autre album de Nick Cave. Elle frappe ici plus frontalement, sans détours, elle se fait plus désarmante du fait de sa vérité crue. La disparition du fils. Mais si la faucheuse laisse glisser son voile de « Jesus Alone » à « Skeleton Tree », elle fait souvent place à l’apaisement. 

Musicalement, Skeleton Tree est dans la droite lignée de Push The Sky Away, la précédente livraison de Nick et de ses mauvaises graines, mais plus épuré encore, plus electro aussi. L’album semble bâti sur des fondations vaporeuses et des résidus de bruits informatiques et fantomatiques traçant une ligne claire entre le jaillissement de la poésie blessée de l’artiste et l’auditeur entraîné dans un vortex cotonneux. Rugueux autant que doux, chaotique autant que maîtrisé, Skeleton Tree se joue des contraires, démarrant dans la boue par une plainte pour finir sous une pâle lumière juste assez tiède pour distiller un peu d’espoir. Le deuil. Aussi Nick Cave abandonne progressivement le chant pour de longs Talk-Over caverneux, parfois une esquisse de mélodie se dessine, dévoile ses contours pour mieux disparaître dans le bruit noir.

Il serait vain de vouloir à tout prix classer cet album dans l’arachnéenne discographie de l’artiste, oui c’est l’un de ses meilleurs, l’un des plus puissants, des plus intimidants et probablement son plus personnel. Mais savoir si untel vaut plus qu’un autre est un débat stérile. Au final, il y a Skeleton Tree, un sacré bon disque qui prend aux tripes.

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Toorsch’ 

7 commentaires sur “NICK CAVE & THE BAD SEEDS – Skeleton Tree – 2016

  1. MarionRusty dit :

    Pour un artiste tel que Nick Cave qui écrit beaucoup sur l’intime il n’est pas charognard d’y voir des sujets certes personnels mais tabous. J’ai adoré dernièrement sa contribution au magnifique film Comancheria, mais je l’avais connu à la base pour la bande son des Scream.

    • Toorsch dit :

      C’est bien dit…
      On m’a encore parlé aujourd’hui de Comancheria, va falloir que je regarde ça. Je ne me souvenais même pas qu’il était sur la BO de Scream. Les films pas la série?
      Merci de ton passage!

      • MarionRusty dit :

        Oui les films, la chanson de Scream 1 a été faite par lui, et elle est reprise au générique de tous les autres volets avec quelques changements sonores.

      • Toorsch dit :

        Ok! J’avais bien envie de me refaire un cycle Scream, raison de plus.

        ThanX

      • Till dit :

        Hello

        Je ne pense pas me tromper en disant que le morceaux en question est Red Right Hand, chanson fascinante et passage obligé de tous ses concerts. La cloche pour démarrer et on plonge instantanément.
        Je vis depuis 35 ans avec Nick Cave jamais très loin, l’alchimie fonctionne toujours. Y compris avec ce disque, pas aussi brillant que Push The Sky Away, mais dramatiquement beau.

  2. devantf dit :

    Un extrait d’interview lu dans Télérama, à propos de ce drame:
    « Qu’advient il lorsqu’un événement catastrophique surgit au point de nous bouleverser littéralement? On passe alors d’une personne que l’on connaissait à un être inconnu. dans le miroir, on reconnait la personne d’avant, mais sous la chair, on est un autre »
    La lecture m’a complètement bloqué…. Et l’album avec du coup. Grand et terrible

    • Toorsch dit :

      Yo DEV!
      L’extrait d’interview est… bloquant, tu as raison. Pour tout dire, ce disque je l’attendais, mais une fois dans les bacs, j’ai pas osé. Pris, posé, repris… pendant plusieurs jours, puis une fois dans ma discothèque, rebelote, j’ai mis du temps avant de le mettre sur la platine. Bloquant.

      Quel beau témoignage. Grand et terrible, je te paraphrase encore mais tu as raison.
      A+

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